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Interview-bilan de Christophe Storaï, le directeur sortant de l'IUT di Corsica

Christophe STORAÏ
« Je reste soldat de l’IUT »

Maître de conférences en économie, Christophe Storaï, 41 ans, vient d’achever son mandat à la tête de l’Institut Universitaire de Technologie (IUT) de Corte. Fort d’un bilan riche en réalisations et dans un contexte électif plus que favorable, il a pourtant fait le choix de ne pas être candidat à sa succession, lors du récent conseil d’administration de l’établissement qui a vu la victoire de Christian Cristofari face à Hyacinthe Ottaviani. Pour l’Informateur Corse Nouvelle, il en explique les raisons puis évoque, notamment, les projets accomplis et ceux qui l’attendent à présent, sous le signe du développement de la formation en apprentissage



Christophe Storaï, quel bilan dressez-vous de votre mandature à la tête de l’Institut Universitaire de Technologie de Corte ?
Le bilan est globalement riche en satisfactions. Avec, tout d’abord, sur le plan pédagogique, l’ouverture de quatre Licences Pro, dans les domaines de l’eau et de l’environnement, de l’entrepreneuriat, du génie civil ou encore du management des énergies renouvelables. Sans oublier le développement de la formation en alternance, qui figurait parmi mes chevaux de bataille pour permettre aux étudiants de gagner en capacité d’insertion professionnelle. Je peux me réjouir, ensuite, des liens noués avec le monde de l’entreprise, au cours de ces six dernières années, en passant d’une quarantaine de partenaires à plus de quatre cent cinquante aujourd’hui. Une confiance forte et fidèle des acteurs socioéconomiques qui se traduit, par ailleurs, à travers le versement de la taxe d’apprentissage. Je rappelle que cette aide financière contribue aux achats et à la maintenance du matériel pédagogique performant utilisé dans le cadre de nos formations, en sachant aussi que nous avons intégré de nouvelles infrastructures en 2004. En outre, il convient de souligner l’investissement sans faille des personnels administratifs et enseignants qui m’ont épaulé tout au long de ce mandat de directeur. Car l’IUT di Corsica c’est avant tout une équipe aussi dynamique qu’efficace, résolument tournée vers la logique de projets. 
Aux côtés de ces points positifs, il est à noter tout de même quelques regrets, notamment en ce qui concerne les relations internationales. En compagnie de Don Mathieu Santini, nous étions, il y a cinq ans, précurseurs en la matière via la mise en place d’une codiplomation entre notre établissement et l’ISET de Djerba. Si cette coopération a malheureusement été bloquée dans les méandres administratifs et politiques de nos collaborateurs tunisiens, je pense qu’elle a néanmoins ouvert la voie tant à l’Università qu’à l’IUT où par la suite nous avons conventionné outre-atlantique avec les Cegep de Lévis-Lauzon et de Victoriaville, au Canada. Enfin, une déception qui pourrait aussi peut-être se changer en succès à la rentrée prochaine, celle de la création d’un DUT « Hygiène, Sécurité et Environnement ». Pour la troisième année consécutive, le dossier de demande d’habilitation est passé sous les fourches caudines et l’expertise des commissions pédagogiques et consultatives nationales, qui ont, une nouvelle fois, délivré un avis favorable pour son ouverture. J’espère à présent que le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche en fera de même puisque, au final, la décision lui incombe.

En tant que directeur d’établissement, qu’est-ce qui vous a le plus marqué, durant ces cinq dernières années ? 
Incontestablement, le dynamisme et la solidarité qui règnent au sein de la communauté « iutienne » m’auront beaucoup marqué. Il existe, au quotidien, une certaine promiscuité entre les étudiants et le personnel enseignant ou administratif, qui donne lieu à un cadre de travail optimal et convivial. Ce lien se renforce d’autant plus à l’occasion de différents événements qui rythment chaque année la vie du campus, sous l’impulsion de nos futurs diplômés. La deuxième édition du Job Campus qui s’est tenue le 30 janvier dernier ou la récente organisation du 25e anniversaire de l’établissement, en sont les parfaites illustrations. Je pense réellement que l’esprit d’initiative, la connexion humaine et le sens du collectif sont des valeurs fondamentales pour notre l’IUT qui, d’ailleurs, lui réussissent plutôt bien.

 

Pourquoi avoir fait le choix de ne pas solliciter un nouveau mandat de directeur d’établissement auprès du conseil d’administration de l’IUT, alors que le contexte électif vous le permettait ? 
Il s’agit d’un choix personnel et volontaire que je me suis fixé au moment même de mon élection, en avril 2003. En effet, cela ne correspond pas à ma personnalité de m’installer dans un mandat, de surcroît politique, et de ne plus vouloir en sortir. Bien au contraire, je préfère bouger, aller de l’avant et surtout penser au collectif. Pour ma part, la direction de l’IUT représentait un challenge. J’en ressors extrêmement grandi par l’expérience, les compétences et les savoirs acquis au cours de ces cinq dernières années. Mais, ma logique consistait à construire une équipe, en y formant la personne qui pourrait ensuite reprendre le flambeau, capitaliser les actions accomplies et relever les prochains grands défis qui attendent notre établissement.

Justement, selon vous, quels sont les prochains grands défis qui attendent l’IUT ?
En premier lieu, sa pérennité. L’IUT di Corsica est en pleine phase de croissance et dispose encore, à mon sens, d’une bonne marge de progression avant d’arriver à maturité. Il convient, à cet égard, de poursuivre nos efforts et de les maximaliser à plusieurs niveaux. Cette année, 60% de notre carte de formations a été proposé en alternance. À la rentrée prochaine, nous atteindrons le seuil des 75%. J’ai toujours dit que l’objectif était de viser les 100%, non pas pour faire du chiffre, mais afin d’offrir aux étudiants la possibilité d’une insertion professionnelle directe et de qualité.
Parmi les autres challenges majeurs à relever, figure la reconnaissance de l’IUT di Corsica comme pôle de référence en matière de transfert technologique, en relation directe avec ses partenaires professionnels et institutionnels. Je pense, par exemple, à la récente plateforme technologique qui a été créée conjointement entre notre établissement et les deux lycées techniques insulaires, tant celui de Bastia que d’Ajaccio. D’autre part, l’un des six projets structurants de recherche portés par l’Università, dans le domaine des énergies renouvelables, pourrait être –pourquoi pas– abrité par l’IUT di Corsica, afin qu’il y ait un lien logique entre la recherche et le transfert technologiques, la formation et une structure dont la vocation est aussi d’initier et de développer de la technologie.

En 2008, l’IUT di Corsica fête ses 25 ans. Aux côtés des vœux que vous venez en quelque sorte de lui formuler. Que peut-on lui souhaiter d’autre ?
Qu’il continue sa montée en puissance, à l’heure de ses 50 ans et même au-delà, en restant toujours fidèle au rôle d’interface qui est le sien dans les relations entre étudiants et professionnels. Sur ce point, le développement des dispositifs de formation reste primordiale, notamment via l’alternance, afin de satisfaire non seulement les besoins en ressources humaines du tissu socioéconomique, mais aussi d’optimiser la capacité d’employabilité et les compétences de nos diplômés.

Et quel message souhaitez-vous adresser à votre successeur ?
Je tiens, en premier lieu, à féliciter mon collègue et ami Christian Cristofari, en l’encourageant dans la prise de ses nouvelles fonctions. Je crois que tout bon directeur d’IUT doit pouvoir concilier la mise en œuvre de sa politique d’établissement et la valorisation de celle-ci à l’extérieur, tout en s’attachant à rester présent au sein de la base, c'est-à-dire la communauté étudiante, enseignante et administrative. Il est question, selon moi, d’être suffisamment humble pour si ce n’est porter des projets, y participer, en tant que membre également d’une équipe pédagogique. En somme, mettre les mains dans le cambouis. Pour ma part, j’avais fait ce choix qui m’a permis, en outre, de tisser des liens avec le plus grand nombre d’« iutiens », de prendre le pouls de la structure et de voir ce qu’il s’y passe en temps réel. Nul doute que mon successeur en a aussi les épaules.

À présent, sur un plan plus personnel, comment envisagez-vous l’avenir au sein de l’IUT ou plus largement de l’Università ?
Je reste avant tout soldat et enseignant-chercheur de la composante que j’ai eue le plaisir et l’honneur de diriger pendant cinq ans. Quant à mon avenir extra-IUT, ce n’est un secret pour personne, j’ai été impliqué au sein du dispositif d’enseignement en alternance et je continuerais à l’être. Je mettrais, en ce sens, mes compétences au service de l’Università. L’objectif étant de faire émerger un Centre de Formation des Apprentis sur notre campus, que la Collectivité Territoriale appelle, notamment, de ses vœux. Cela s’inscrit dans la volonté de créer, en cohésion avec les CFA Départementaux existants, des filières d’études en apprentissage du CAP au Master, permettant ainsi au monde de l’entreprise d’avoir une lisibilité plus large pour la qualification de ses ressources humaines. À titre d’exemple, si un professionnel du BTP souhaite recruter un apprenti-chef de chantier en génie civil, ceci l’amènera certainement à taper à la porte du CFA Universitaire. Tandis que pour un manœuvre en bâtiment, il lui sera nécessaire de s’orienter vers les CFA Départementaux. Je pense que l’Università, à son niveau, a un rôle important à jouer dans ce domaine, en constituant le toit d’une maison déjà solidement construite par les Chambres des Métiers et de Commerce qui ne seront en aucun cas nos concurrents, mais bien nos partenaires.

Propos recueillis par Roland Frias, chargé de mission en communication à l’IUT di Corsica.

| Mise à jour le 13/01/2017
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Mercredi 20 juillet 2011